Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
journal des écritures

critiques d'art et littérature, humanisme et résistance, poésie, chansons

De la liberté d’expression et de la manipulation

Publié le 8 Janvier 2014 par ruraledeprose

 

Si j’étais entrepreneur de spectacles, je ne programmerais pas certaines choses nauséeuses et en tout cas racistes. Si j’étais ministre, ce qui est improbable, je ne me prendrais pas pour la justice en prétendant faire interdire par voie de police la représentation d’un comique troupier qui par ses propos relève d’un juge, seul  garant des libertés.

 

Une chose est que des résurgences racistes et nauséabondes se multiplient aussi insidieuses qu’explicites y compris en public. Une autre est que les lois de 1881, de 1907 et l’arrêt Benjamin en 1933 sur l’incitation à la haine raciale continuent de garantir et c’est un bien la liberté d’expression.

 

Je dis bien la liberté d’expression car le racisme n’est pas même une opinion mais un délit commis par celui qui l’exprime à l’égard d’autrui et doit être à ce titre condamné car condamnable.

 

Pourquoi alors choisir le chemin d’une circulaire, sans pouvoir de justice, pour interdire sur scène des propos qui relèvent de la Loi Gayssot* de 1999 (contre les appels à la haine raciale), loi qui prévoit jusqu’à 1 an de prison ferme, la privation des droits civiques, loi peu appliquée ?

 

A qui ou à quoi peut servir ce procédé qui consiste à faire d’un raciste une victime de la censure, à voir des gens de rassembler pour le soutenir et protester contre l’annulation de prestations ignobles et, d’autres gens qui sont contre et ont raison de l’être, de se rassembler aussi sur les mêmes lieux pour exprimer qu’ils sont d’accord avec l’interdiction, cela provoquant ces sacro-saints troubles à l’ordre public ?

 

Voltaire disait en son temps à propos de l'affaire Callas : Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites mais je me battrai pour que vous puissiez le dire. Il avait raison.

 

Le racisme sous toutes ses formes est odieux, une expression inculte et primaire qui, si elle n’est pas combattu par les arguments voir la justice, nous plonge dans les ténèbres et nous animalise.

 

On ne joue pas avec le racisme ou le Front national : on les combat sans arrière-pensée, sans calcul électoral ou autre. Donc, il me semble que nous vivons des moments graves où la liberté d’expression risque d’être mise à mal par des manipulations idéologiques et politiques inadmissibles.

 

Je ne serai pas un gogo devant cette situation car demain on interdira des assemblées d’ouvriers ou de candidats (ce qui risque d’en rester avec la loi sur les métropoles !) qui protesteront contre des politiques autoritaires ou austéritaires, des fermetures d’usines, ou simplement la misère dans laquelle ils se retrouvent plongés, etc…

 

Commenter cet article