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journal des écritures

critiques d'art et littérature, humanisme et résistance, poésie, chansons

Dieu, les religions, une histoire de pouvoir : l’Histoire repasse les plats…

Publié le 3 Mai 2016 par ruraledeprose

Dieu dort probablement dans un carton dans une rue aujourd'hui, personne ne lui prête attention d'ailleurs.
Dieu dort probablement dans un carton dans une rue aujourd'hui, personne ne lui prête attention d'ailleurs.

Enquêtes, études, débats, tout nous rapporte à la religion, au fait religieux, en ces temps troublés où la conscience humaine se réfugie à l’ombre de la parole des charlatans et des prédicateurs de toute sorte. Dans le même temps, la parole laïque a perdu du terrain car l’espace laïc, et donc public, ne répond plus aux attentes des citoyens, à leurs besoins essentiels de vie quotidienne. Tout est menace de reculade sociale, de perte d’emploi, tout se désagrège autour du soi, l’espérance semble morte ou aphone.

On finit par voir dans l’autre un nanti, un usurpateur ou profiteur de droits, un ennemi, un bouc émissaire. On se replie sur la famille, quand cela est encore possible, sur des liens sociaux qui semblent permettre d’aider à survivre (associations, réseaux, communautés, lobbys…). On se déshumanise d’absence de perspective et d’espoir.

La parole du pouvoir a transformé les chefs de l’espace laïc et public en gourous, en chefs de castes, en ordonnateurs du capital financier et des intérêts des grandes sociétés de production de biens obsolètes et de services publics livrés à la concurrence. Avec à la clef, une parole qui rejette et qui ment, qui affaiblit l’autorité publique.

Le pouvoir ne représente plus une protection, une garantie d’accès égal à l’épanouissement de chacun, du plus grand nombre. Une partie des citoyens s’adapte aux conditions nouvelles de vie et cherche dans certains liens sociaux des raisons et des moyens de survivre, de faire face aux conditions de vie récessives et précaires. On s’enferme sur soi-même, on se communautarise pour tenter d’exister et de pouvoir peser sur le cours des choses (les partis politiques servent aussi à cela). La religion est une consolation, cautère sur jambe de bois.

Les charlatans, les bonimenteurs, les prédicateurs, les populistes et néo-fascistes, ont beau jeu, en ce marasme des consciences, pour happer les plus faibles, les plus crédules, les moins cultivés, pour les endoctriner sous le drapeau de l’union sacrée, de la religion, de la puissance divine qui, seule, serait à même de résoudre les problèmes de la gestion sociétale.

On s’en remet à Dieu comme au rebouteux ou au marc de café. Et comme Dieu est porté par une religion qui a ses rites, ses coutumes et us, ses livres soient disant écrits par Dieu ou dictés à l’homme de son choix, on suit les préceptes moraux, vestimentaires, culinaires, on applique à la lettre des sourates ou des paraboles sorties de leur contexte historique.

L’espace public laïc se transforme, se distingue par ses conversions vestimentaires, les plus visibles, mais aussi alimentaires, verbales, etc. Le terreau est fertile pour le prosélytisme religieux et la tentation d’aboutir à gérer la société civile. Or, l’entre soi il n’y a plus de règles communes, de respect mutuel pour les autres, de dialogue possible. L’autre est l’ennemi qu’il faut anéantir. La laïcité doit donc être intolérante, je paraphrase ici Régis Debray.

L’espace public laïc ainsi affiche la diversité des communautés par groupes, par quartiers, par villes, et tout un chacun sait bien que les territoires ainsi marqués, souvent ghettoïsés, ne sont pas ceux où vivent les nantis, ceux qui possèdent le pouvoir et manipulent.

Dans l’espace public laïc s’est ainsi peu à peu créée une sorte de racisme territorial qui pousse au regroupement communautaire ou et religieux, en regard des origines des uns et des autres, de leur condition sociale, leur éducation, leur culture. Cette autodéfense produit des peurs, des lubies et réveillent tous les vieux monstres enfouis en chacun. Le sursaut religieux permet de s’épauler, de partager un sens en commun dans une société où il n’y a plus de sens commun.

Au pire, d’envisager des actes de violence et des engagements radicaux à l’appel de fanatiques ou d’individus livrés à eux-mêmes ou en fonction de circonstances comme l’illustre les exemples de Cologne avec les violences contre les femmes, à Calais avec la jungle épouvantable issue des migrations et qui prend toute la ville en otage.

Cet état ne provient pas d’un messianisme quelconque, d’une punition des dieux, mais bien d’une crise systémique de la société mondialisée au mépris des populations, de leurs droits à vivre dans la dignité, dans l’égalité, dans le respect humain. Régis Debray dans une agora récente de L’Humanité citait, dans son propos sur la laïcité, un passage de la Constituante de 1946 : « Le cadre laïc se donne les moyens de faire coexister sur un même territoire des individus qui ne partagent pas les mêmes convictions au lieu de les juxtaposer en une mosaïque de communautés fermées sur elles-mêmes et mutuellement exclusives. » Et de dire aussi : « Etre sans religion est peut être une insulte mais c’est un droit de conscience absolue. »

Dans notre pays, au nom de la modernisation, de la dématérialisation, de l’équité contre l’égalité, de la gouvernance européenne radicale, le pouvoir politique a démantelé tous les repères communs, cassé tous les ressorts permettant une redistribution de la richesse vers tous en fonction de la condition sociale, de la profession, de l’âge, notamment avec les services publics de proximité. La paix civile menacée sur nos territoires est devenue extrêmement inapaisable et la colère couve.

La société est devenue un supermarché où le grand nombre regarde les produits sans y avoir accès : un logement décent et accessible, des soins, une éducation, une retraite, des vacances, une nourriture saine, des loisirs… Face à une armée de chômeurs ou sans emploi, de salariés paupérisés, de fonctionnaires méprisés, le pouvoir laïc entend régir l’ordre et la sécurité en limitant les libertés publiques fondamentales. Ce dernier point se heurte à des oppositions mais jusqu’où cela ira-t-il dans ce délitement de la démocratie vers l’autoritarisme ?

Pour parachever ce qu’il faut bien nommer une nouvelle forme de mise en esclavage d’une masse d’individus, à merci d’une caste politique et financière, le pouvoir politique use de toutes les peurs, de toutes les divisions dans la société, y compris dans le domaine religieux.

Ce pouvoir, lui-même en France aujourd’hui, en appelle aux racines chrétiennes de notre pays et de l’Europe, avec la même sémantique que les prédicateurs religieux. Comme eux, il refuse que l’on donne à connaître, à comprendre le pourquoi des choses, l’origine des causes des dérèglements économiques et sociaux, des conflits armés, des guerres. La religion, le religieux sont très pratiques pour soumettre les populations à l’ordre. C’est valable de tout temps même dans les pays laïques (Tunisie, Turquie, France…).

Revenons à Dieu dans tout cela, cette métaphore commode pour diviser les gens, les contraindre à s’en remettre à une vie après la mort, après leur condition acceptée sur terre de servir un maître. Comment croire qu’une puissance divine ait pu créer l’homme, la terre et le ciel ?

Que demeure l’incompréhension de ce que nous ne pouvons pas encore connaître des origines du cosmos est autre chose : répondre au pourquoi du comment la matière a donné une matière organique un beau jour, la vie et cette longue évolution des espèces jusqu’à l’homme doté de conscience et qui s’organise avec ses semblables –après les avoir mangés certes- pour parvenir à vaincre l’animalité qui est en lui et qui y sommeille toujours ?

Pour le reste, s’en remettre à une puissance éternelle, à Dieu nommé, est infantilisant car il ne s’agit pas dans la religion d’une simple spiritualité philosophique mais d’une soumission, d’un renoncement à être totalement libre et souverain de son intégrité humaine, de son destin de mourant en puissance.

La laïcité peut permettre de limiter l’envahissement du religieux et des religions dans l’espace public si elle permet à chacun de se développer et de s’épanouir en droits et en devoirs dans une organisation sociétale juste et solidaire, tout en permettant la liberté de culte, son exercice. Cela suppose que l’espace public soit neutre. Il ne l’est plus. L’exercice des cultes religieux n’a pas été pris en compte pour des milliers de croyants dans notre pays, obligés de se cacher pour prier, de le faire dans des cours d’immeubles.

Par exemple, la laïcité aurait dû permettre l’exercice du culte musulman dans la dignité et le respect des règles républicaines. Elle a laissé faire, par la bande des Emirats, des lieux contrôlés par eux. Pour le reste, les croyants musulmans ont fait comme ils pouvaient.

C’est aussi un désaveu pour le pouvoir laïc et la démocratie. Ce n’est pas le signe d’un retour de guerre de civilisation mais plus exactement le déclin d’une civilisation sur elle-même et ses contradictions, son mode de vie, et qui a prétendu dominer le monde, l’asservir et le prétend encore. Cela effraie, ceci fait peur, un nouveau temps venu, alors on cherche des garde-fous mais ils sont déjà en place et ne portent qu’un seul nom pour réponse : sécurité, autorité, répression.

Mais la sécurité n’est pas la sûreté pour les citoyens. Le projet de révision constitutionnelle, l’état d’urgence, la déchéance de nationalité vont dans le même sens alors que l’on sait pertinemment qu’il faudrait renforcer les moyens de la justice et de la police. On préfère confier aux préfets (représentants de l’Etat) des missions qui devraient être exercées sous contrôle d’un juge indépendant : perquisitions, assignations à résidence, écoutes…

Les fanatiques, les terroristes marquent ainsi des points : ils font reculer nos libertés fondamentales, ils installent la peur dans tout l’espace public, ils jubilent sans nul doute de voir tout un pays, toute l’Europe submergés d’exilés et qui ne prennent que des mesures autoritaires contre leur propre population et les exilés… La cacophonie européenne est lamentable…

Dieu dans tout cela ? J’y reviens à propos avec la décision de la cour d’appel de Paris de censurer le film de Lars Von Trier, Antéchrist, primé à Cannes en 2009. J’y reviens avec les propos de Valls sur l’acte antisémite que constituerait le boycott des produits palestiniens exportés par Israël sous son label de régime colonial et d’apartheid.

Il y a une sémantique de guerre qui se répand pour défendre non pas une civilisation mais un système économique, je le répète, une mondialisation du capital financier, des ressources qui le permettent, des humains qui le produisent par leur activité sur des territoires.

La religion reprend, dans ce contexte, ses billes. Les fantasmes de guerres de religions s’émoussent. On oublie qu’avant les religions il y avait la conscience humaine et des actes humains similaires aux barbaries d’aujourd’hui commises au nom de Dieu. Mais, elles ont précédé Dieu et non l’inverse, elles sont issues de comportements humains collectifs comme les dieux sont issus de l’esprit humain qui inventa l’écriture voici – 3500 ans avant J-C.

Certes l’écriture primitive consistait en jetons de comptabilité avant les Sumériens et les Egyptiens (voyez où en sont ces civilisation...) ! Ainsi, l’Histoire donne à connaître des hommes et à comprendre le monde dans lequel nous sommes aujourd’hui (n’en déplaise à certains pour qui comprendre serait inutile) : à chacun de nos pas nous sommes en présence du passé des hommes. Et c’est dans ce passé d’abord sans Dieu (il y avait certainement de la spiritualité cependant) que se sont forgés les mœurs, les croyances, les institutions des hommes que nous avons en héritage.

Bien sûr, par commodité, nous avons comptabilisés les siècles, les ans à partir de la naissance de Jésus (en décembre ou en janvier à propos ). Tout ce qui précède cette naissance appartient à la négation puisque l’on compte à rebours jusqu’aux temps préhistoriques où aucun écrit n’existe. L’ère chrétienne donc est nôtre arbitrairement et d’un simple fait religieux, mais qui n’empêche en rien chaque peuple depuis la naissance de notre humanité d’avoir son temps, son ère. Les Romains eux comptaient leur ère à partir de la fondation de la ville de Rome (753 avant J-C).

Il y eut ensuite l’ère musulmane qui débute en 622 de la nôtre avec Mahomet. L’ère républicaine instaurée en 1792 prit fin en l’an 14 et, comme c’est curieux, 2 ans après le sacre de Bonaparte empereur en la cathédrale de Paris en présence du pape Pie VII. La religion revint par la grande porte du Premier Empire.

Nos ères humaines, pauvres ères, se comptabiliseront elles-mêmes, de notre fait, en grandes périodes historiques, c’est-à-dire à partir du moment où nous avons des indices, des documents qui attestent notre présence d’être humain depuis les temps préhistoriques. On apprenait tout cela et la suite dès la 6e autrefois, mais, aujourd’hui un certain recul des connaissances marque le pas.

Je laisse de côté la préhistoire en n’évoquant ici, dans mes propos sur Dieu et la religion, que l’âge de la pierre polie naissant lors d’un adoucissement du climat avec le recul des glaciers (on doit être à – 100 000 ans avant J-C). L’homme a su faire du feu, est sorti des cavernes où il a inventé l’art et peint ses états d’âme, ses envies, ses désirs, ses besoins et notamment celui de pouvoir se nourrir et d’avoir un retour de chasse giboyeux.

C’est l’époque d’un art monumental avec les mégalithes, des pierres dressées ou levées, les menhirs, alignés ou disposés en cercle et qui ont une signification pour les hommes de l’époque. Cette verticalité pourrait être un hymne à la vie, à l’être debout. Les dolmens, pierres couchées, étaient disposés sur des cavités qui servaient de tombeaux. Leur horizontalité rendait hommage aux morts qui y étaient enterrés.

Plusieurs peuples vont devenir des civilisations, s’affronter, puis disparaître. L’Egypte, la plus ancienne civilisation - 4000 avant J-C - est d’abord composée de tribus qui après des guerres formeront deux Etats puis un seul, sous l’autorité du Pharaon qui sera aussi le grand prêtre de la religion polythéiste. Puis, l’Egypte connut des invasions par des peuples venus d’Asie et dont la supériorité sur leurs adversaires résultait de leurs armes en fer et de la possession de chevaux. Mais l’Egypte résiste et colonise ses voisins de Palestine, de Syrie avant d’être stoppée par les Hittites sur l’Euphrate. Ensuite, ce seront les guerres civiles avant la conquête par les Assyriens puis les Perses en – 500 avant J-C. Le pouvoir de l’Egypte reposait sur un chef suprême et des dieux représentant des animaux, des éléments de la nature.

L’histoire commence ici avec le papier et l’écriture qui servira aux Phéniciens à inventer l’alphabet.

L’art égyptien représente les dieux-animaux et les monarques de façon monumentale avec le dieu soleil présent sous forme de disque sur la plupart des monuments qui sont inspirés par la religion. Ce peuple croyait à l’existence d’une âme qui, après la mort, l’embaumement, permettrait le retour du corps à la vie après avoir été jugée pour ses actes (Le Livre des Morts).

Les dieux alors ne semblent représenter que les phénomènes naturels que l’homme veut influencer par les cultes qu’il leurs rend. est soleil, lumière de vie mais il ne préside qu’à l’ordonnancement des phénomènes naturels, il n’en est pas le créateur divin. Il faut attendre ensuite Amon et la naissance du monothéisme pour que l’homme pharaon représente tous les dieux via le soleil qu’il incarne lui-même : celui qui créé les hommes, les animaux et fait germer les blés.

Bref, un homme devient Dieu sur la terre. Le culte d’Amon, il faut le souligner, ne s’effondra qu’environ – 650 avant J-C avec l’invasion assyrienne qui dévasta Thèbes. Mais Dieu via l’homme avait pris le pouvoir réel et l’homme via Dieu lui-même était le pouvoir suprême sur les corps et les âmes d’un peuple et pour toute éternité…

Autres peuples, autres grandes civilisations, les Sumériens en Mésopotamie, supplantés par les Sémites venus du désert de Syrie et qui fondent le 1er Empire babylonien, puis les Assyriens vainqueurs des Egyptiens, qui construiront Babylone sur l’Euphrate. Et tout ceci se passe dans le croissant fertile Méditerranée-Golfe Persique où, aujourd’hui, à notre époque, se déroulent la guerre, la terreur et les persécutions religieuses ! La Mésopotamie, pays entre les fleuves, est comme l’Egypte constituée d’alluvions fertiles. Par contre ce pays ne laisse que peu de vestiges car, en l’absence de pierres, les monuments furent bâtis en briques. Cependant, ce matériau introduisit une innovation : les voûtes dans la construction.

Sous le règne d’Hammourabi, vers 2000 avant J-C, l’Empire babylonien est doté d’un Code de lois gravées. Ces lois appliquent des peines de mort qui sont communes à celles pratiquées dans certains pays musulmans d’aujourd’hui. L’empire s’effondrera à la suite d’invasions notamment Hittites. Les Assyriens, les princes d’Assur, en tireront profit pour soumettre toute la Mésopotamie puis la Phénicie et la Palestine et ensuite l’Egypte conquise par Assourbanipal.

Ce peuple réputé cruel infligeait à ses ennemis de nombreuses tortures : yeux crevés, langue et main coupée, cuisant même dans des fours ceux-ci ou les écorchant vifs et dont la peau était étalée sur les murs des villes ! Le Code était explicite : si un homme a crevé un œil à un homme, on lui crèvera un œil. Si un médecin a mal soigné un homme et l’a laissé mourir, on lui coupera les mains… Les vaincus étaient réduits en esclavage. Mais à leur tour, les Assyriens furent anéantis par le roi des Mèdes, peuple d’Iran. Babylone redevint une capitale florissante avec ses jardins suspendus sous Nabuchodonosor qui détruisit Jérusalem. Les Mèdes furent chassés par le roi des Perses, Cyrus

Ces peuples tour à tour souverains avaient de nombreux dieux représentant les forces de la nature : le soleil, l’étoile de Vénus et des divinités moindre bienfaisantes comme les génies, des taureaux ailés à tête d’homme ou malfaisantes, comme les démons aux traits monstrueux. Ils croyaient que l’homme vivait sous l’influence des astres et d’une étoile qui permettait de prévoir l’avenir par l’astrologie. Ils étaient férus de science et savaient effectuer des opérations d’arithmétique, ils inventèrent un système de mesures et de poids. Grâce à la science astronomique ils reconnurent les planètes, les constellations et, en observant le mouvement du soleil et de la lune, ils surent diviser le temps en années, mois de 30 jours, semaines de 7 jours et fractionnèrent même la journée en heure, minute et seconde !

En ce qui concerne le peuple hébreu, une tribu de Sémites de la Chaldée en Mésopotamie, on ne sait pas grand-chose à part ce qu’en rapporte La Bible, l’ancien testament. Ce peuple connut son apogée environ 1000 ans avant J-C avec le roi Salomon qui développa les échanges commerciaux vers l’Egypte à partir de la Palestine et de la capitale Jérusalem conquise, puis vers l’Asie. Salomon fit construire un palais et un temple à Jérusalem, temple où avaient lieu, dans une cour, les sacrifices sur l’autel des holocaustes. Le culte hébreu reposait sur des prières et des sacrifices d’animaux.

A la mort de Salomon, le royaume hébreu se sépara en deux : le royaume de Juda au sud avec Jérusalem pour capitale et le royaume d’Israël. Des troubles divers entre les rois affaiblirent ces royaumes et au 8e siècle avant J-C les Assyriens s’emparèrent du royaume d’Israël puis Juda tomba à son tour. Le temple fut détruit. Les Hébreux rentrèrent au royaume de Juda 60 ans plus tard et rebâtirent le temple. Le peuple hébreu eut une grande influence religieuse faute d’un rôle politique et d’un Etat fiable : ils ont un Dieu unique, c’est la première religion monothéiste, après Aton.

A cette époque de nombreux prophètes parlent au nom de Dieu et s’élèvent contre les influences de cultes étrangers et d’idoles. Ils attendent un envoyé du Dieu des Juifs, un Messie qui devrait réconcilier tous les hommes y compris les ennemis… Ils l’attendent encore alors que Jésus est venu et sera reconnu comme ce Messie par les chrétiens.

Une nouvelle religion naît que rapporte Le Nouveau Testament, les nombreux évangiles canoniques ou non, mais cette fois, œuvres d’hommes témoins oculaires ou non des événements.

A cette étape, il faut dire quelques mots sur l’histoire de la Crète qui abrita plus de 2000 ans avant J-C une civilisation brillante appelée égéenne et rayonnant sur l’ensemble des îles de la Mer Egée. Dès 2500 avant J-C, les Crétois sous l’autorité du roi Minos, possèdent une industrie des armes et des outils et un commerce réputés avec de nombreux comptoirs jusqu’en Sicile et en Italie. L’origine de ce peuple n’est toujours pas élucidée ni sa langue qui s’apparente au basque. Caractéristique de la société crétoise, la femme y occupe une place inédite par rapport aux autres sociétés orientales : elle sort librement et peut être prêtresse, elle s’habille en corsages garnis de rubans et de jupes à volants…

Côté religieux, on donnait de grandes fêtes avec des représentations théâtrales, des danses et des chœurs, des courses et des luttes, des courses de taureaux sans mise à mort. Enfin, les Crétois habitaient des maisons de plusieurs étages avec un grand confort pour l’Antiquité, avec des canalisations d’eau, des salles de bain et le tout-à-égout !

J’évoque à présent brièvement la civilisation phénicienne qui fut la première à entrer en contact avec l’Occident barbare. Les Phéniciens sont des sémites établis sur la côte de Syrie 20 siècles avant J-C et qui créent plusieurs petits Etats : Arad, Byblos, Sidon et Tyr, un pays sur une bande de terre étroite entre la montagne du Liban et la mer. Ils fondèrent la grande république marchande de Carthage sur la côte Nord de l’Afrique, aujourd’hui Tunis. Idem, ils découvrirent la Sardaigne, les Baléares, la Gaule et franchirent même le Détroit de Gibraltar vers l’Atlantique.

Côté religion, rien d’original, les Phéniciens adorent les astres et Adonis est imité d’Osiris. En revanche, dès lors que le peuple était menacé, on procédait à des sacrifices humains : on brûlait des enfants dans des statues en métal représentant la divinité ! Cela étant, ils inventèrent l’alphabet 13 siècles avant J-C pour faciliter leur commerce car les cunéiformes et hiéroglyphes étaient trop complexes, un alphabet de 22 signes ou lettres reproduisant les sons de la voix humaine.

De tout cela, il ressort que bien des civilisations ont sombré et sur leurs décombres, d’autres civilisations ont rayonné elles-mêmes pour un temps donné, empruntant aux précédentes. Chacune a son importance quant aux réponses qu’elles ont apportées, aux découvertes permises pour améliorer la vie quotidienne de leur peuple, toujours certes au détriment d’autres peuples conquis.

Les Dieux n’ont rien pu faire… ni même les religions monothéistes venues les supplanter, avec un Dieu unique et pour lequel une partie conséquente de notre humanité s’étripe sur la planète depuis des siècles.

Dans ce même temps de l’histoire des peuples de l’Orient, des peuples indo-européens ou dits Aryens, originaires de plaines russes ou du Turkestan actuel, vont se mettre en route 2500 ans avant J-C vers l’Inde, l’Orient et l’Europe. Très différents des Egyptiens et des Sémites ces hommes sont grands, à peau blanche, aux yeux bleus.

Ils ont des armes en fer qui leur confèrent une suprématie sur leurs ennemis, ils possèdent des chevaux que ces derniers n’ont pas.

Ces migrations engendrèrent les Hindous, les Mèdes, les Perses et les Grecs, les Latins et les Germains, les Celtes de la Gaule… Ces peuples ont donné naissance à de grands Etats de l’époque : les Hittites, les Mèdes et les Perses. Au 19e siècle avant J-C, ils envahissent l’Anatolie et fondent la capitale Hattousa, avant de descendre vers le croissant fertile en prenant Babylone en 1800 puis ils sont soumis à leur tour aux Assyriens et aux Perses

Mèdes et Perses se sont établis en Iran vers 2000 avant J-C entre le Golfe Persique la Mésopotamie, la Mer Caspienne et l’Inde. Les Perses ont placé sous leur autorité toute l’Asie occidentale et formé le premier empire de l’histoire avec Cyrus qui libéra les Juifs captifs de Babylone en 538. Cet empire s’étendait avec Darius jusqu’à l’Indus en établissant une paix durable propice à l’essor de la civilisation, assurant aux vaincus tolérance et respect de leur religion et coutumes. Les Guerres médiques avec les Grecs auront raison de cet empire.

Côté religion, Mèdes et Perses exposent leur croyance dans un livre sacré, le Zend Avesta, attribué au prophète Zoroastre (1000 ans avant J-C) et qui affirme une existence de la divinité du bien, Ahura-Mazda ou Ormuzd, qu’assistent des génies dont Mithra, le soleil, et une divinité du mal, Ahriman soutenu par des démons. Cette lutte entre lumière et ténèbres, vertu et vice, vie et mort, est permanente. Ahura-Mazda n’a aucune statue ni temple. On brûle sur des autels en haut des montagnes un feu sacré en son honneur. Après la mort, l’âme des hommes est jugée par Mithra qui l’admet au ciel ou en enfer selon le poids des vertus et des vices… Vraisemblable emprunt à l’Egypte.

On discerne bien que les divinités font l’équilibre dans le combat de l’homme contre sa propre animalité. Le bien et le mal tendent à une morale, une discipline de vie rythmée par la nature et les astres, du lever au coucher du soleil.

J’évoque à présent la Grèce, civilisation primitive qui joua un rôle majeure en Méditerranée malgré sa géographie qui ne permettait guère la communication d’une plaine à l’autre, d’une île à l’autre. Les Indo-européens ont peuplé les îles entre 1700 et 1200 avant J-C. Les Achéens inspirés par la Crète vont créer la première civilisation et notamment Mycènes, constituée de petits Etats protégés par des forteresses. Ils firent la Guerre de Troie non loin de Smyrne, actuelle ville turque d’Izmir. L’invasion dorienne mit fin à cette civilisation qui sombra dans la barbarie et l’exil d’où naîtront les poèmes homériques.

Il faut noter que le roi d’un Etat grec à l’époque n’a pas réellement de pouvoir et ne décide de rien sans consulter un conseil formé des chefs des principales familles et une assemblée du peuple réunie en agora. Dans cette société personne n’est affranchi du travail manuel et l’invention considérée comme mal venue voire fortement déconseillée. Ce peuple érige l’éloquence en vertu ainsi que l’hospitalité qui consacre les mendiants et vagabonds comme protégés des dieux. La vie quotidienne est tournée vers la ruralité, l’élevage et la culture. Pour ce qui est du religieux, les Grecs personnifient la nature et leurs propres sentiments (Zeus représente la justice, Athéna l’intelligence, Arès la guerre, Apollon le soleil et la poésie, Hermès la pluie et l’éloquence…) à travers leurs dieux immortels très poétisés résidant sur l’Olympe et dont les aventures forment la mythologie.

Les dieux sont en quelque sorte de super-humains en qualités et en défauts mais toujours dominés par le destin, une force invisible et mystérieuse. Ces dieux, en une hiérarchie savante, peuvent intervenir dans la vie des hommes, leur prêter main forte comme le relate L’Iliade et L’Odyssée.

Zeus est ainsi à la fois le seigneur de l’Olympe et du monde et tout à la fois juste issu du chaos primordial et Fils du temps. Les autres dieux sont ses enfants… Ces grands dieux sont servis par des divinités secondaires, les Muses et les Nymphes et certains hommes déifiés en raison de leurs exploits héroïques tels Héraclès, Œdipe. Au-delà, chaque famille avait en son foyer un culte particulier entretenu par le feu sacré qui ne devait jamais s’éteindre représentant les ancêtres et auquel on offrait des agapes.

La mort était représentée par l’âme descendant aux enfers où pour une pièce de monnaie en obole on pouvait franchir deux fleuves, le Styx et l’Achéron avant d’être jugé par un tribunal présidé par Minos, ancien roi de Crète. Ensuite, épurée, l’âme pouvait gagner les Champs-Elysées, jardin de délices, ou bien être plongée dans le Tartare pour expier ses fautes…

La meilleure façon d’être agréable aux dieux était cependant le sacrifice d’un animal devant le temple au parvis, que l’on partageait avec eux et les fidèles au cours d’un repas sacré avec les prêtres. Selon l’urgence de la situation on pouvait sacrifier jusqu’à cent victimes, soit une hécatombe. Parallèlement, de grandes fêtes étaient organisées près des sanctuaires. Pendant ces périodes toutes guerres entre cités étaient suspendues (il en sera de même lors pour respecter les fêtes religieuses, lors de la Guerre de Cent ans...). Les plus célèbres fêtes étaient les Jeux olympiques tous les quatre ans à proximité du sanctuaire de Zeus à Olympie.

Quoi qu’il en soit, les Grecs en raison d’invasion dorienne durent s’exiler et coloniser la côte de l’Asie Mineure où, au déclin des Phéniciens, ils se substituèrent dans le commerce. Ils fondèrent ainsi des colonies dans les Dardanelles, sur le Bosphore et créèrent Byzance aujourd’hui Istanbul, mais aussi jusqu’en Italie du Sud et en Afrique du Nord, sur la Côte d’Azur en Gaule (Nice, Marseille, Port Vendres). La civilisation grecque essaima en Gaule à partir de Marseille fondée en 600 avant J-C. La civilisation grecque connut son plein épanouissement au 5e siècle avant J-C.

Elle inventa la démocratie après les Guerres médiques. Les droits politiques toutefois étaient réservés aux citoyens de condition libre, âgés de dix-huit ans et nés de père et de mère athéniens, ce qui excluait les esclaves et les étrangers ou métèques. Il n’empêche que la démocratie grecque était un gouvernement direct et non représentatif, les citoyens assemblés établissaient les lois mais, il faut le souligner, sur un territoire restreint, un peu comme en Suisse…

Les rivalités entre Athènes et Sparte, qui s’allia avec les Perses, affaiblirent le pays jusqu’à la remise en ordre par le roi Philippe II vers 356 avant J-C et qui restaura l’unité de la Grèce. Son fils Alexandre le Grand conquit ensuite la Perse, le Turkestan, l’Inde occidentale, l’Egypte mais son empire fut, à sa mort, morcelé en différents royaumes.

Au 19e siècle, Ingres écrivait : « Il y a sur le globe un petit coin de terre où, sous le plus beau ciel, chez des gens doués d’une organisation intellectuelle unique, les lettres et les arts ont répandu sur les choses de la nature comme une seconde lumière, pour tous les peuples et pour toutes les générations à venir ». Quelle tristesse de voir où en est réduit la Grèce aujourd’hui sous la botte de la Commission de l’Union européenne !

Quelle fut en vérité l’influence de Dieu ou des dieux dans ces gouvernances de brillantes civilisations disparues ? Aucune, bien évidemment, puisque chaque décision relevait de la volonté d’un homme qui imposait circonstances et conséquences à un peuple au nom du déjà sacro-saint besoin d’espace vital, marchand et de conquête. Certes, les dieux jouèrent un rôle apaisant, régulateur dans la marche de la cité, protecteurs en principe des invasions barbares, on les consultait, on en attendait des signes comme les miracles...

De tout temps, l’homme n’a pu prospérer que sur la conquête d’autres territoires, par l’accaparement de ressources et de richesses sur d’autres contrées et contre d’autres peuples. Les dieux n’auront été qu’une caution à peine morale n’interférant en rien dans l’organisation politique. Il faudra attendre l’expansion du monothéisme pour que le monde du religieux et de Dieu intervienne ou veuille intervenir dans l’espace public et la gestion de la société via ses représentants et leur accès au pouvoir.

Dans toutes ces civilisations il y a eu des formes d’esclavagisme engendrées par des délocalisations successives d’activités, les migrations. Les vaincus étaient asservis puis se révoltaient, se libéraient.

De nos jours il en est de même avec la mondialisation : le cas du consortium NESLE en mer thaïlandaise, par exemple, illustre bien la volonté des exploiteurs des grandes firmes capitalistes de bénéficier d’une main d’œuvre à bon marché ou gratuite pour leur production et avec la complicité des Etats des pays en cause…

La précarisation sociale, le chômage de masse produisent une main d’œuvre disponible et permettent de faire levier sur les rémunérations vers le bas tout en augmentant la durée de labeur… de faire accepter un recul de civilisation humaine au nom de la concurrence et de la loi du seul marché : moindre coût de production pour un maximum de profits rapides afin d’enrichir une poignée d’actionnaires avides de gains toujours plus monstrueux.

Mais revenons à Dieu et aux Romains qui firent leur la civilisation hellénique. L’Italie d’alors n’est pas morcelée comme le territoire grec. Des Aryens venus du Nord, s’installent en Italie 10 siècles avant J-C, ce sont les Italiotes, avant d’être eux-mêmes envahis au Nord par d’autres Aryens, des Celtes et Gaulois qui occupaient déjà la Bretagne et la Gaule. Les Italiotes se regroupent au centre de la péninsule et vont former de nouveaux peuples : les Ombriens, les Sabelliens et, au Sud du Tibre, les Latins.

Un mot des Etrusques aussi, peuple sans doute venu de la mer, qui s’installèrent sur le plateau toscan et soumirent au 6e siècle les Latins. Leur religion était influencée par la peur des morts qu’il faut apaiser par des sacrifices humains qui seront les prémices des combats des gladiateurs romains. Les Etrusques tentaient de lire la volonté des dieux dans les entrailles des victimes sacrifiées et dans le vol des oiseaux.

Les murs de leurs tombeaux étaient ornés de peintures très précises et figuratives. Peu à peu l’Italie centrale s’affranchit des Etrusques sous la domination de la cité de Rome, cité aux sept collines protectrices. La légende dit que le troyen Enée, fuyant devant les grecs, s’installa à Latium et fonda la ville d’Albe que son fils, ensuite détrôné, abandonna ses neveux Romulus et Remus. Ceux-ci seront sauvés par une louve… Les premiers rois engagèrent un combat victorieux contre Albe.

A son tour Rome tombe aux mains des Etrusques et ne s’en libère qu’en 509 par une révolution qui instaure la République. Il est à souligner que les Plébéiens avaient obtenu en 493, toujours avant J-C, l’abolition de l’esclavage pour dettes et la création des Tribuns en charge de leur défense et pourvus du droit de veto ! L’écriture sur des tablettes de bronze de la Loi des 12 tables reconnut l’égalité civile.

On distingue chez les Romains une religion publique et une religion domestique : cette dernière rendait un culte aux ancêtres ou Mânes ainsi qu’à des génies protecteurs du foyer, les Lares et Pénates… Sur un autel brûlait, sans interruption, un feu sacré représentant l’âme des ancêtres. Le père de famille était prêtre de la religion domestique et son autorité illimitée. Il visitait les tombeaux. La Cité avait aussi un foyer entretenu au temple par six Vestales qui adoraient de grandes divinités personnifiant les forces de la nature qui s’identifièrent ensuite aux dieux de la mythologie grecque.

Aux dieux des Romains s’ajoutaient des divinités champêtres : Saturne pour les semailles, Cérès pour les moissons, Flora pour les fleurs et Pomona pour les fruits. S’ajoutèrent au fil des conquêtes les dieux des pays conquis.

Le culte romain reposait sur le principe de prières aux dieux domestiques au début des repas, les libations en quelques gouttes de vin dans le feu sacré et les prémices, quelques miettes d’aliments. Pour toucher les dieux à coup sûr, on procédait à des sacrifices d’animaux, victimes ou hostie. L’animal paré de fleurs était aspergé d’eau et de vin et tué à coups de maillet ou de hache par un sacrificateur à tête voilée. Les entrailles étaient brûlées sur l’autel et les chairs réparties entre les fidèles. Tous les cinq ans, un porc, une brebis ou un taureau était sacrifié et le sang projeté sur les citoyens pour les purifier ! Les combats de gladiateurs donnés lors de funérailles succédèrent à d’anciens sacrifices humains. Bref, les prêtres romains étaient des citoyens ayant une connaissance parfaite des rites et des formules forts compliqués. Les grands dieux avaient leurs prêtres spéciaux groupés en collèges avec des Pontifes qui guidaient les rites des sacrifices.

Les Romains soumirent les Gaulois dès le 2e siècle avant J-C. Ce peuple avait été envahi quelques siècles avant par des Aryens, les Celtes, qui refoulèrent les Ibères au sud de la Garonne, et constitua peu à peu la Gaule dans les frontières naturelles de la France actuelle. La religion du peuple gaulois, avant d’être converti au christianisme, consistait en une divinisation des phénomènes naturels avec Tarann, le tonnerre, le soleil symbolisé par une roue, la lune et les bois. Teutatès, le dieu le plus vénéré sera d’ailleurs assimilé à Mercure par les Romains. Le culte induisait des sacrifices humains, en l’occurrence des prisonniers ou criminels, qui étaient brûlés dans des figurines faites de paille. Il en reste une coutume avec nos Saint-Jean au solstice d’été : roues de paille dévalant des collines et personnages de paille brûlés…

Les Gaulois avaient aussi coutume de faire cueillir le gui sur les chênes exclusivement par des Druides, prêtres vêtus de blanc qui montaient dans les arbres avec une faucille d’or et qui recueillaient le gui sur une étoffe blanche. Le gui était censé guérir toutes sortes de maladies…

De conquêtes en conquêtes, Rome deviendra un Empire sous Auguste, fils adoptif de César qui régna en monarque absolu entouré d’un Cabinet, le Conseil privé, et qui remit la religion à l’honneur en accordant faveur particulière au culte de Vénus. Avec le temps, les Romains se tournèrent vers les cultes orientaux empreints de préoccupations morales : culte de Cybèle, d’Isis et de Mithra qui deviendra, aux premiers siècles de l’ère chrétienne, la religion romaine dominante. Le dieu Mithra est un dieu unique qui représente le soleil et a essaimé par l’armée perse d’Orient.

On peut encore voir en France, notamment à Bourg-St-Andéol en Ardèche, le reste du temple dédié à Mithra et la fresque le représentant gravée dans la roche. Grand nombre d’églises, d’abbayes ont été bâties sur les ruines de temples mithriaques, temples creusés dans la roche à proximité d’une source, de cours d’eau. Cette religion dédiée au dieu Taurobole était réservée aux hommes et les soldats qui remontaient les rives des fleuves des contrées conquises ou à conquérir construisaient des temples en chemin. On en retrouve trace jusqu’en Angleterre.

Devant la fresque représentant Mithra, un autel où l’on partageait un animal au cours d’agapes en commun. Le temple avait six ouvertures correspondant aux six planètes visibles à l’œil nu. Il fallait être un homme et initié à cette religion pour en recevoir le baptême consistant à placer le fidèle dans une fosse où on l’aspergeait du sang d’un taureau égorgé…

Un certain nombre d’officiants des rites étaient vêtus d’étoles à la façon des curés d’aujourd’hui et certains portaient un masque. Cette religion sera à son tour remplacée, dans l’empire romain épuisé, en raison des guerres civile, par le christianisme. L’Empire était incapable de l’éradiquer par la persécution en raison de fidèles prolifiques !

Il nous reste de cette époque, où les Chrétiens priaient dans les Catacombes où ils conservaient les morts (car ils ne pouvaient être brûlés), l’autel de nos églises en forme de tombeau… Leur liberté religieuse fut reconnue par l’Edit de Milan en 313 et les dogmes de cette religion furent dictés lors du Concile de Nicée en Turquie en 325. Les Evêques y adoptèrent l’équivalent du Notre Père et décidèrent de jeter l’anathème sur ceux qui ne confirmaient pas le dogme chrétien : Dieu unique à vénérer et le Saint-Esprit. Un concile suivant confirmera que Dieu est unique et s’est fait homme sur la terre, homme conçu par La Vierge Marie

Dès lors que l’empire romain accepte le christianisme pour religion unique vers la fin du 4e siècle après J-C, le pouvoir politique est partagé ou partageable avec les prélats religieux représentant Dieu sur la terre, porteurs de ses paroles. Les Rois se feront sacrer et reconnaître par l’église, en suivront les préceptes et devront obédience aux papes. La société civile est cornaquée par la religion et ses représentants qui lui dicteront ses règles de vie quotidienne voire la manière de penser, d’enseigner, d’éduquer. Pour notre pays, jusqu’à la fondation de l’école publique en 1875 puis la séparation de l’église et de l’Etat en 1905…

Il est tout de même extraordinaire qu’une fable ait pris une telle importance dans la vie des hommes et des peuples, qu’il s’agisse de la religion juive, chrétienne ou musulmane. Sur la base de récits écrits par l’homme ou des hommes, témoins indirects d’événements appartenant à l’Histoire, et prêtant à un dieu leur contenu, voici qu’un immense manteau de soumission a recouvert les épaules de l’humanité pour des siècles, asservi l’humanité à un dogme, la propagation d’un apostolat, fondé par l’homme pour la puissance de maîtres contre la multitude.

Mais tous les empires s’effondrent et d’autres se fondent. Il en fut ainsi de Rome, des Incas, des Empires français, de l’URSS, il en sera ainsi de l’Europe un jour. L’uniformité qui fait courber l’échine des peuples réclame le retour à la diversité sans laquelle la vie n’est plus à échelle humaine. L’oppression a toujours des jours comptés. L’universel ne peut supposer un recul permanent de la libre pensée et des consciences.

Les dieux de l’Antiquité étaient des sages même si le pouvoir divin était remis entre les mains de mortels, qu’ils soient pharaon ou empereur, asservissant les peuples. Certes, aux dieux et à Dieu sont attachés de belles histoires, de beaux contes et parfois des préceptes progressistes par rapport à des religions qui les ont précédées, mais, chaque fois que l’homme s’en est saisi pour asseoir son pouvoir, ceux-ci ont conduit à la crainte, à l’intolérance, à la persécution, à l’autoritarisme et à la dictature.

Viendront bien sûr les grandes invasions dites barbares du Nord. Les Wisigoths qui se fixèrent en Gaule après avoir pillé et pris Rome en 410. Puis, les Germains à leur tour, s’imposèrent, puis la venue des Huns provoqua l’union des Germains avec les Romains et les sauvages « fléau de Dieu » furent arrêtés sur la Marne aux Champs Catalauniques. Les Huns retournèrent chez eux.

Dans un même temps, l’île de Bretagne fut envahie par les Saxons et les Anglès qui lui donnèrent le nom d’Angleterre et qui ont laissé des traces jusqu’en Ardèche, ancien Vivarais, où un village porte le nom de Angle. Les Bretons traversèrent la Manche pour se réfugier en Armorique en y exportant la langue celtique.

Après l’Ascension, les chrétiens se trouvèrent bien désemparés. Ils devraient faire en souvenir de lui, Jésus. A partir du ceci est mon corps, ceci est mon sang, ils décidèrent donc d’être lui, de lui, et d’improviser une sorte de filiation en sa mémoire, un rite. Il perdure dans l’Eucharistie et l’Elévation pour ses successeurs spirituels...

Ainsi donc, on peut considérer que l’invention de la laïcité demeure une révolution majeure dans l’organisation des sociétés humaines alliée à la démocratie par délégation de pouvoir parlementaire, inventée par les Anglais. Sur cette base est devenue possible la gestion des Etats indépendamment des religions, des églises. La remise en cause de l’espace laïc public est mortelle pour les libertés fondamentales, pour la libre conscience.

Le premier Etat laïc fut le Mexique en 1859 alors que notre Révolution française inventait le culte de l’Etre suprême…

Partout dans le monde la résurgence du fait religieux, dans la gestion des cités, représente une avancée de l’intolérance, de la violence et de la domination, de la soumission à des dogmes uniques, iniques pour l’humanité, une remise en cause de l’égalité de tous en droits de l’homme universels.

Pour ma part, je conçois la spiritualité comme une interrogation perpétuelle de l’humain face à l’univers et face à la mort, comme une relation intime avec son origine, avec son incapacité à accepter le néant de bonne grâce. La foi n’est pas forcément religieuse, c’est un état d’âme et d’esprit interrogatif sur l’existence humaine, sa finalité et c’est dans cette finalité qu’il faut puiser l’énergie de vivre en frères humains sur la terre. Le religieux doit être confiné dans l’espace privé, ne relever que d’une intime conviction personnelle et ne jamais participer à la gouvernance des peuples, à la gestion de la cité.

Il est surprenant que les bouleversements actuels de la mondialisation financiarisée et mercantile plongent nos pays, la civilisation dite occidentale dans une sévère récession laïque en de nouvelles formes par la pauvreté et la précarité, d’esclavagisme comme pour les peuples de Grèce et d’ailleurs. Et que cette civilisation fasse des guerres sur notre planète, en mettant en exergue que des fanatiques et terroristes se réclamant d’un Islam intégriste la menacent est une escroquerie immorale..

La menace est dans les gènes du système marchand et de concurrence débridée qui provoque partout le marasme par l’austérité et la paupérisation des peuples, le réveil des haines ethniques, la peur des autres, des différences et les replis sur des valeurs stérilisantes de la libre pensée, identitaires, souverainistes ou religieuses, et des guerres.

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La laïcité demeure le seul outil concret et consensuel contre le prosélytisme religieux dans la vie publique. Karl Marx en dénonçant l’opium du peuple ne voulait guère dire mieux comment une chose abstraite et invisible, improbable, pouvait permettre l’asservissement de l’humanité ou tout du moins en donner la possibilité. Nos gouvernances en citant nos origines chrétiennes en Europe, semblent oublier que le retour au religieux est toujours une preuve d’effondrement des civilisations et que l’Europe fut d’abord animiste, païenne, polythéiste.

Notre présent, notre civilisation est une aporie

Il se dessine et se dessinera, un jour l’autre, des alternatives de progrès qui viendront, pour un nouveau temps, remettre de la justice, de l’égalité, de la liberté et de la solidarité au cœur de notre quotidien de vivre, de l’harmonie entre humains et territoires. Si nous sommes capables de privilégier l’humain d’abord. L’avenir de l’humanité et celui de la planète en dépendent, ils sont insécables et aucun Dieu n’y peut, n’y pourra rien, ni les incantations de quiconque aussi sincères et profondes seraient-elles. Nous pouvons donc parvenir peut être à l’Apocalypse et donner ainsi raison aux dieux…

Patrick Pérez Sécheret – copyright février 2016.

Nota Bene :

L’idée de ce texte est venue lors d’un safari en Tanzanie, à Serengire, en pensant au retour de flammes du religieux dans nos sociétés, nos Etats, à son influence néfaste comme l’Histoire me semble en témoigner. J’avais dans la journée visité un village de huttes Massaï et découvert leurs coutumes, et posé une question : que veut dire être civilisé ?

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