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journal des écritures

critiques d'art et littérature, humanisme et résistance, poésie, chansons

Le peintre Néhoc a filé en août…

Publié le 30 Août 2011 par ruraledeprose

 

Ardèchois depuis des lustres, Fernand Cohen dit Néhoc, militant pour la Paix (Appel des 100), ami et camarade communiste, a réuni autour de lui beaucoup d’amis le 29 août dernier à Vallon Pont d’Arc. Son cœur trop grand s’était arrêté de battre le 23. J’ai tenu à prononcer ces quelques mots.

 

Les récentes toiles de Néhoc, représentant des natures mortes, vivaces et colorées, l’une avec un coquelicot magnifique dans sa fragilité, ne sont pas de vraies fleurs ni de vrais fruits. Le peintre n’est pas un photographe même s’il est en reportage d’émotion, reporter de vie de temps de guerre ou de paix, de temps douloureux ou tendres. Le peintre est une fulgurance de la vision d’un  monde tel qu’il est et tel qu’il le voudrait, avec une palette de poésie simple et des pinceaux pour outils. Il suffit de peindre, de mélanger ou pas d’ailleurs les couleurs, le vécu, le rêvé, de laisser l’imaginaire guider la main et l’œil. Et le monde est-là avec ses lèpres, ses renoncements, ce temps beau où celles et ceux que l’on aime donnent tout son sens au poème-peint. Et ainsi donc, les voyelles sont vertes, rouges, un pied de verre à vin bouge pour l’humanité et la fraternité, des silhouettes s’éveillent et ont brisé leurs chaines, Mandela est libre comme l’air, les murs des prisons tombent comme feuilles sous le pinceau. La Paix dans sa robe blanche inlassablement le mobilise.

 

Le peintre possède une force inouïe. Sa maison et Son cœur  en étaient le tableau avec des fusains gras, l’alchimie culinaire de Josette, les souvenirs qui reviennent aujourd’hui comme des vagues, comme des dagues, nous dire : il faut résister à la laideur à la fatalité, résister tenir debout. Le peintre a dit qu’il faut tenir la tête de haut dans l’adversité et dans le bonheur et cela simplement par amour d’aimer. Aimer ce n’est pas affaire de femme ou d’homme, même celle ou celui d’une vie, mais d’humain d’humanité. Que serait-on en somme, une fois pour toute, sans les autres sans la beauté du temps qui passe à nos visages, sans la marche plus haute de l’escalier ? Ce n’est rien la vie tout compte fait sans ce regard des autres au miroir de soi, sans la vie, la nature, ce que nos yeux ont bu ou cru voir. Mais la vie est une totalité et nos écritures - et peu importe le pinceau, la plume ou le burin peu importe l’outil - elles sont la conscience de notre humanité.

 

Mais voilà, on devait un jour beau à l’autre, entrer dans l’arène. Nous le savons bien, respirer, naître nous y mènent même si nous ne sommes pas pressés. Néhoc peignait donc des fleurs, des fruits ces derniers temps, il retrouvait une sagesse parmi les choses d’y voir clair soudain, paisible, apaisé malgré les médications contraignantes. On ne s’est pas trop vu, pas assez, mais je respirais auprès de toi et de Josette un air marin, un goût de large, des moments tranquilles au port de Saint-Martin où j’avais fait escale en 1970, une fraîcher du soir particulière. On a tant besoin d’eau, de fraîcheur et d’amitié. Et voici que je termine sans rime ni prose avec humilité et confiance.

 

Tu as vu Néhoc, là-haut, toutes ces étoiles d’août, ce bordel d’astéries, éteintes depuis hurette pour les unes, et nous, tout-petits, en dessous, nous qui pouvons tout pour la paix, la justice sociale, un monde moins dur, meilleur. Ces étoiles ne serviraient à rien du tout s’il n’y avait pas quelqu’un pour en parler un peu à quelqu’une. A Rien vraiment, elles seraient-là pour rien… Nous resterons donc des sentinelles de cette liberté de la pensée, d’une libre entreprise d’égalité, la vraie, la fleurie, la rayonnante. Et à présent, chaque pétale de fleur sera un franc-tireur d’idées, chaque vague de vent un combat pour la fraternité, quelque chose comme on rêve l’infini d’une épaule d’amour. Je fais serment Néhoc que la vie sera belle, que nos engagements, notre utopie de lendemains qui ne mentent pas, ne seront pas vain, qu’un monde neuf ouvrira ses bras, sage et barriolé et, sur des chemins soleilleux que nous arpenterons avec tendresse, curiosité, nous aurons les couleurs de ta palette plein les yeux ! Notre mémoire restera vive de toi, ton étoile sera vive sur la toile du ciel de nos cœurs. Tu vas y peindre Néhoc de temps à autre quelque chose pour nous signifier qu’il n’existe pas de fin de l’histoire et qu’espérer d’autrui demeure notre volonté commune et invicible.

 

A bientôt l’ami. Fais-nous vite signe, dessine-nous un poème !

 

 

 

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