Du fond des âges et du pays ressurgissent les vieilles plaintes saumâtres, les litanies de latrines, les pensées fourbes du droit du droit à l’hémoglobine. De toutes les forces obscures du mirage de l’Occident grimpent des slogans odieux contre la société civile et l’égalité des droits. Les idées noires défilent, défient nos rues, la toile est encombrée de discours d’acier, de lames haineuses. Les chefs d’église même se joignent au concert des appels au meurtre. Suffira-t-il d’amour pour repousser ces hordes qui se fascinent d’une mission divine ? Aurons-nous la force de tenir la marée de boue et d’injures qui lèche nos murs, qui attise la populace pour un ordre nouveau qui fait son beurre sur le terreau de la pauvreté, de l’impuissance publique ? Des temps barbares s’annoncent, battent semelles sous nos fenêtres. Nous ne sentons plus le muguet du 1er mai venir à nos narines, nous sommes assommés de consommations frelatées, d’histoires de défaite, nous nous racrapotons dans nos écuelles, nous nous taisons par contumace, par dérision. Serons-nous à la hauteur de notre médiocrité ? A force de surdité, se hissent les forces obscures, toujours fécondes au devant de la scène. Sommes-nous juste des figurants, en début d’acte premier ou cette énergie intacte, de l’esprit et de l’espoir, endormie ? Levons-nous, il est temps de monter à l’assaut du ciel ! Dégainons-nos rêves !